Un texte écrit pendant l'année 1986,  par Laurent Boutonnat. Un tube pour Mylène FARMER  qui fera d'elle une star de la chanson française.

 Laurent et Mylène vivent pour la littérature française et affichent leurs préférences pour celles du 18ème et 19ème siècle, deux périodes sombres et osées.
Comment, dans ce texte, retrouve-t-on, cette atmosphère quelque peu sulfureuse ? Par quel moyen, Laurent arrive-t-il à mettre en scène une femme à la fois mûre et enfantine ?

Dans une première partie, nous allons voir une Mylène à la fois femme et enfant. Puis une sexualité ambiante en passant par un texte censuré.

Mylène est à la fois femme et enfant. En effet, Mylène, par les paroles, nous montre une femme adulte grâce au vocabulaire comme « dunes, « vertu », «libertine » (ce mot reflète une idée sensée à cette époque qu'est le XVIIIème siècle) Une grande maturité de cette femme y est perçue : dans le texte, nous y avons une évocation du plaisir charnel avec « libertine » et elle nous décrit sans état d'âme une description de l'acte amoureux surtout dans la deuxième partie du texte.

Mais dans ce texte nous y avons une femme-enfant qui a peur du monde dans lequel elle vit. Dès le début du texte, on la perçoit comme une enfant légère avec « poussée par le vent ». En effet, cela révèle une enfant qui ne tient pas compte des dangers, une enfant innocente voire naïve. Il y a également des termes d'apprentissage qui montre la jeunesse de cette enfant avec « apprends » qui nous révèle une Mylène qui obéit aveuglément aux conseils des autres libertines autour d'elle. 

Dans la deuxième strophe, nous avons une répétition du « petit vent » qui insiste sur l'idée expliquée plus haut. Mais on se rend vite compte que Mylène s'ennuie dans cette atmosphère d'adultes et le compare à un « verre de grenadine » (une des boissons préférées des enfants) pour retrouver cette jeunesse perdue dans cette vie. Après cet acte amoureux que cette femme-enfant vient de vivre, elle se dit « perdue dans le vent ». En effet, elle ne sait plus qui elle est, où elle est et ce qu'elle doit faire. Elle est effrayée et se rend compte qu'elle devient une femme. Elle appelle néanmoins son père à son secours ce qui peut nous faire penser que ce dernier l'a poussé dans le milieu libertin. Pour finir, l'évocation  de cette âme d'enfant est présente dans le refrain ; elle se dit « fragile » dans ce monde adulte car elle n'y est pas préparée psychologiquement et « qu'on me tienne la
main » pour signifier qu'il faut lui montrer le chemin. Mais chez Mylène, plusieurs chemins sont possibles : lui apprendre ce qu'elle fera en fin de chanson, une manière de l'éloigner de ce milieu ou tout simplement lui rendre compte qu'elle devient une femme et par ce « choc », comprendra-t-elle enfin.

Chez Mylène, l'évocation de la frontière entre femme et enfant est flagrante dans d'autres chansons de la miss Farmer telles Plus Grandir, Optimistique-moi, Et Si Vieillir M'était Conté mais aussi, un thème moins présent dans cette chanson, l'évocation d'un père : Vieux Bouc (Cendres De Lune), Comme j'ai mal (le clip), Optimistique-moi (encore !)

A sa sortie, le texte a été très provocateur aux yeux des français (surtout à cette époque !). Mais l'écriture de Laurent y est magique et différents jeux de mots ou de double-sens sont à déguster. Chaud ! Le titre Libertine est un scandale (rappelons tout de même que nous sommes au 18ème siècle.) Cette chanson se passe inévitablement pendant la nuit : « Cendre de lune » (deux fois),
« fendre la lune », « je m'endors
». Mais ici la lune a une toute autre interprétation qui n'est autre que la défloraison avec « Fendre la lune ». A partir de là, nous avons pratiquement tout ce qui touche à l'acte amoureux mais d'une façon poétique, il faut bien l'admettre ! : « baisers d'épine et de plumes » (baiser des pines mais aussi il y a une opposition entre épine et plumes dans lequel il faut comprendre : épine = monde adulte et plume = monde de l'enfance), « quand de mes lèvres tu t'enlèves un goût amer me rappelle que je suis au ciel » qui n'est autre qu'une fellation de Mylène sur le jeune homme jusqu'à l'éjaculation (« goût amer ») Pour Mylène, cela va trop loin. elle est choquée en implorant son père : « papa ils ont violé mon coeur ».

En 1986, on ne pouvait pas vraiment faire une description d'un corps de jeune femme surtout pour ce que Mylène va en faire. Alors, avec la magie de Laurent on aura : « entre mes dunes » qui n'est que « entre mes seins », « reposent mes infortunes » qui suit la logique « l'appareil génital de la femme » et « j'apprends la vertu » n'est que « j'apprends à faire l'amour ». Dans cette chanson, il y a un décalage avec le mot « vertu » qui a un double sens suivant la femme ou la femme-enfant.


La sexualité chez Mylène est récurrente notamment dans plusieurs de ses chansons : Pourvu Qu'Elles Soient Douces (Ainsi Soit-Je), Pas De Doute (L'Autre), Eaunanisme (Anamorphosée), L'Ame-Stram-Gram et Consentement (Innamoramento)

Analyse de Ryan Optimistique

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