Un
clip plus intéressant qu'il n'en a l'air. Je vous invite
vivement à vous attarder dessus, vous ne le regretterez pas...
Voici
le premier clip de Laurent Boutonnat, réalisé avec très peu de moyens
alors que celui-ci rêvait déjà d'une grande production en cinémascope.
Malgré cela, ce clip faussement simpliste pose quelques fondamentaux
que l'on retrouvera par la suite dans ses réalisations. En effet, ce clip évoque déjà certains thèmes que l'on retrouvera par la suite tout au long de l'œuvre du duo Farmer-Boutonnat : "la transgression (les plaisirs impolis), (...) l'amour (ici pour une infirmière), le monde de l'enfance (à la fois tendre et cruel), la violence et la mort (la tête coupée), le désir de dégagement de la souffrance du statut de mortel (les apparitions fantomatiques), la sexualité (ici suggérée), et la revendication sociale (les enfants "grévistes")".1
Attardons-nous donc sur ce clip bien plus intéressant qu'il n'en a l'air à première vue ...
Le clip |
Réalisé par : Laurent Boutonnat
Année : 1984
Durée : 3'50
Coût : 750 euros (!) - notons la jolie lune en papier aluminium
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La révolte de quatre enfants face à une mère invisible |

Le
clip s'ouvre sur une image représentant le portrait de Sigmund Freud,
avant que le titre de la chanson ne s'affiche, avec le portrait d'une
jeune femme (voir la précision dans l'encadré suivant).
La
silhouette de Mylène apparaît, de dos. Elle porte une nuisette blanche.
Son corps semble être représenté comme si Mylène était un spectre.

Lorsque
les paroles de la chanson commencent, les images du clip suivent son
rythme. A chaque phrase ("Un, maman a tort", "Deux, c'est beau
l'amour"...) correspond une image fixe, où l'on voit Mylène
prendre des poses différentes.

Durant
le refrain,Mylène chante qu'elle aime les "plaisirs impolis" sur un
fond noir, éclairée par une lune manifestement factice.
Par
la suite, Mylène apparaît entourée de trois enfants. Tous brandissent
des banderoles et des pancartes, sur lesquelles il est écrit "Maman a
tort". Après
le .... couplet, on retrouve les enfants, à table cette fois. Ils
semblent partager pour dîner la tête de Mylène. On peut d'ailleurs
apercevoir son corps décapité derrière la table. La
séquence suivante montre Mylène en train de pleurer pendant qu'elle
chante. De plus, on voit la chanteuse en train de prendre
plusieurs gifles.
Enfin, la fin du clip se compose d'un plan où
l'on aperçoit Mylène de trois points de vue différents : Mylène de
face, une bretelle de sa nuisette tombant sur son bras, au milieu, son
corps sans tête et à droite, Mylène de dos. On aperçoit de temps à autre la même silhouette fantomatique, celle qui était déjà présente au début du clip.

Le clip se termine de la même manière qu'il avait débuté, avec le portrait de Freud.
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Quelques pistes pour en savoir
un peu plus ... |
1. Quel rôle joue Mylène ?2
Il
semble qu'ici, Mylène soit l'ainée de trois enfants avec qui elle mène
la révolte, lorsqu'ils brandissent tous des pancartes "Maman a tort".Les quatre enfants semblent s'insurger contre l'autoritarisme de leur mère, que l'on ne voit pas dans le clip. Cette mère "que l'on imagine sans mal sourde et autoritaire"2, finit par décapiter Mylène pour la servir au repas de ses trois frères.
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2. Le projet initial
Laurent Boutonnat n'aura pas
pu, pour son premier clip, réaliser une œuvre à la hauteur de ses
ambitions. Le scénario initial prévoyait de mettre en scène une jeune
fille internée dans un hôpital psychiatrique.
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3. Censure, quand tu nous tiens...
Notons
pour l'anecdote que comme on pouvait s'y attendre, le clip avait été en
partie censuré par quelques émissions "tout public". La fin du clip,
celle où l'on voit Mylène décapitée servie au repas des trois enfants,
avait été tronquée.
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