A quoi je sers

Voici un panorama complet du morceau A quoi je sers.

A quoi je sers
Paroles : Mylène Farmer
Musique : Laurent Boutonnat
Date de sortie : 17 juillet 1989

Texte : Florent

Pour l’anecdote, signalons que le titre atteignit la 16e place du top 50 pendant 2 semaines consécutives, et qu’il se maintint 14 semaines dans ce même top 50 et 6 semaines dans le top 20.
A quoi je sers eut un succès assez modeste et s’écoula à environ 120 000 exemplaires.


La pochette A quoi je sers

« C’est au palais des sports que fut prise une série de photos par Marianne Rosenstiehl, dont celle qui servira de pochette au single. On y reconnaît les tentures lourdes qui ornent sa tanière, des lys blancs, le cartable de son manager, le fauteuil Louis XV que Mylène emmène partout, et l’on devine aisément qu’il s’agit des quelques minutes qui suivent la fin du concert. Une pochette sublime… »1

Pochette A quoi je sers

En voyant pour la première fois cette pochette, je fus tout de suite intrigué, elle semblait receler une énigme, donner une impression d'entrer par effraction dans l'intimité de Mylène, d'assister au dévoilement d'un secret.

Cette pochette, à l'instar de la chanson, est belle et funèbre.





La musique A quoi je sers

C'est sur un riff de guitare sec, que s'ouvre la chanson, un riff classique et quasi-religieux. Puis un premier couplet épuré et rehaussé d'une basse puissante, pour finir sur un refrain macabre, entêtant et vénéneux.

La voix de Mylène sur cette chanson est plus profonde, elle a gagné en gravité suave et en profondeur, conséquence probable de son entraînement et de la scène.

Notons que le riff d'A quoi je sers servira de base musicale à un autre titre de l’album, La veuve noire, qui reprend aussi les effets réverbérés de l'horloge, le "trop tard" de la chanson.

A quoi je sers

Les paroles A quoi je sers

Jusqu’à ce que je monte sur scène, je n’avais pas compris le retentissement que mes paroles pouvaient trouver auprès du public. Je chantais mes peurs, j’exorcisais mes fantasmes avec le sentiment de crier. Là dans la communion avec le public, dans la ferveur, j’ai mesuré l’énorme attente que ces jeunes avaient de moi."

Ce constat la bouleverse : "Je n'étais plus seule", mais lui donne le vertige. "J'ai écrit à quoi je sers un peu après le début du Palais des Sports. Parce que c'est la question que je me posée." La réponse est simple "Justement à cela : à crier ce que les autres n'osent pas crier."2

Les paroles de la chanson sont très inspirées de l'écrivain Luc Dietrich, et plus particulièrement de son ouvrage L'apprentissage de la ville.
Sans prétention aucune, je m’exprimerai comme si c’était Mylène elle-même qui le faisait, et qui nous expliquerait sa chanson.

Poussière vivante,
Je cherche en vain ma voie lactée
Dans ma tourmente,
Je n'ai trouvé qu'un mausolée
Et je divague
J'ai peur du vide
Je tourne des pages
Mais... des pages vides

Je ne suis pas grand-chose, et je cherche un sens à ce qui n’en a peut être pas. Je suis comme cloîtrée dans un caveau, enfermée comme je le suis en moi-même mon esprit s’égare : j’ai peur de ne pas vivre !
Je regarde le journal intime de ma vie, et tout semble comme effacé. Il n’y à que de  grandes pages blanches ou rien ne s’est inscrit. Il n’ y a rien !

Poussière errante,
Je n'ai pas su me diriger
Chaque heure demande pour qui,
Pour quoi, se redresser
Et je divague
J'ai peur du vide
Pourquoi ces larmes
Dis... à quoi bon vivre

Je suis une petite chose qui a perdu sa boussole, le temps qui passe est implacable et il ne laissera rien de mes joies passées. Je suis perdue dans un labyrinthe, ou est la sortie ? Je pleure et je me demande pourquoi vivre.

Mais mon Dieu de quoi j'ai l'air
Je sers à rien du tout
Et qui peut dire dans cet enfer
Ce qu'on attend de nous, j'avoue
Ne plus savoir à quoi je sers
Sans doute à rien du tout
A présent je peux me taire
Si tout devient dégoût

J’ai vraiment l’air bête quand je monte sur scène, je suis si gauche et si timide, je sers vraiment à rien du tout, mais qu’attend-t-on de moi, qu’attendent-ils de moi ? Je ne peux rien faire pour eux, si ce n’est chanter mes petites chansons sans importance ! Tout ce que je dis est si puéril, que je voudrais me taire, et je me dégoûte !

Poussière brûlante,
La fièvre a eu raison de moi
Je ris sans rire,
Je fais n'importe quoi
Et je divague
J'ai peur du vide
Je tourne des pages
Mais... des pages vides

J’ai comme de la fièvre, tout devient confus, je ne sais plus rien, je ne comprends plus rien. Je fais les choses sans vraiment y croire, je suis comme un automate, une marionnette dont les ficelles s’agitent toutes seules. Je déraille et je déraisonne. J’essaie de savoir si je vis. Y a-t-il encore même des pages vides ? Il n’ y a rien !


A quoi je sers
       
1. Interview extraite de Mylène Farmer magazine, n°3
2. Interview extraite de Télé 7 jours, 27 novembre 1989



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