A quoi je sers

Après un concert à Saint Etienne le 11 mai 1989, puis plusieurs représentations au Palais des Sports de Paris du 18 au 27 mai 1989, le trio Mylène Farmer, Laurent Boutonnat et Bertrand Lepage (le manager de Mylène à l’époque) enregistrent la chanson « A quoi je sers » dans une villa aux alentours de Nice, villa que B. Lepage définira comme « mystérieuse et suscitant une ambiance indicible ».
Ensuite, pour se changer les idées et se ressourcer, Mylène voyage en Inde ( Jaïpur, New Delhi…) et achève son périple sur l’île de Capri.
Le clip voit le jour en août 1989, puis ce sera la reprise des concerts en septembre, où Mylène offrira ce nouveau titre au public venu l’applaudir.



Le clip
Réalisé par : Laurent Boutonnat
Scénario : Laurent Boutonnat
Année : 1989

Durée : 4'58''
Coût : 30 000 €


L'histoire

Dans un paysage de brumes, le vent souffle sur les roseaux et les joncs d’un lac. Mylène, une vieille valise à la main, s’avance sur la berge. Dans une barque, un homme vêtu de noir, au teint blafard et aux traits tirés, se dirige vers la berge où Mylène l’attend.

A quoi je sers

Mylène monte à l’intérieur de la barque. Lentement, ils glissent sur les eaux du lac.
Mylène, pensive et mélancolique, se laisse porter vers une destination que seuls elle et le passeur connaissent. 

A quoi je sers

Ils débouchent finalement sur une étendue d’eau où les rejoignent les anciens personnages des clips précédents : La Rivale de libertine, le toréador de Sans Logique, Rasoukine de Tristana, l’officier de Pourvu Qu’elles Soient Douces et le marionnettiste de Sans Contrefaçon.

A quoi je sers

Chaque personnage semble du regard inviter Mylène à les suivre. Elle se joindra à eux pour s’enfoncer dans le brouillard d’un autre monde.

A quoi je sers

Le passeur repart seul, avec la vieille valise dans sa barque.



Quelques pistes pour en savoir un peu plus ...

1. La dimension biographique et circonstancielle du clip

« Très sincèrement, je ne pense pas être utile à personne. Ce serait très prétentieux de ma part. Je pense qu’on peut réunir des personnes autour d’une émotion. Maintenant, avoir des gens aussi chaleureux en face de moi chaque soir, ça ne m’empêche pas de me demander à quoi je sers. »

Mylène Farmer1

 
La plupart des commentaires fait sur le clip, l’ont bien souvent expliqué sous un angle « mythologico-littéraire » en évoquant le passage d’une rive à l’autre, de la vie à la mort. Le passeur Charon, nocher des enfers qui a pour rôle de faire passer sur sa barque, moyennant péage, les ombres des défunts à travers le fleuve Styx (ou selon d’autres sources l’Achéron) vers le séjour des morts.

Bien que ces analyses puissent être pertinentes et intéressantes, elles passent à côté de la dimension circonstancielle et biographique dans laquelle la chanson et le clip furent réalisés.

A quoi je sersUne fois de plus, Laurent Boutonnat tourne ce clip en 35mm et cinémascope. L’image est surexposée, créant une ambiance douce et feutrée, ce qui donne au paysage et aux personnages un aspect quelque peu fantomatique. De même, il utilise de manière assez conséquente la technique de surimpression d’une image sur une autre, qui s’agence en fondu enchaîné fréquent.

A chanson de circonstance, clip de circonstance. Nous verrons que chanson et clip symbolisent aussi une transition, un état d’esprit.

A quoi je sersLes premières images nous montrent Mylène, cheveux en chignon, à peine maquillée, portant des bottes et un grand manteau de pluie, et à sa main gauche une petite valise. Cette valise symbolise les doutes de Mylène, autant que les souvenirs issus de la première série de concert donnés entre le 11 mai et 27 mai 1989. Le passeur, nouveau Charon ne serait autre que Laurent Boutonnat, compositeur des musiques et co-auteur des spectacles de Mylène. 

Véritable soutien pour elle, il l’emmène dans sa barque, et va l’aider à passer les eaux périlleuses du Styx qui sont les doutes et les incertitudes face a cette nouvelle expérience que constitue la scène avec son public. Il la conduira à rencontrer de nouveau les personnages, que tous deux ont patiemment construit, à se les réapproprier pour leur donner une nouvelle vie.

Elle descend de la barque et va rejoindre les personnages de ses précédents clips. A leur tête, Mylène marche dans les eaux du lac, pour les conduire vers de nouvelles aventures, que constitueront les prochaines dates de concert à partir de septembre 1989.

Nous le voyons, loin d’être un adieu à la scène, comme on aurait pu le penser ou le craindre, A quoi je sers, malgré son ton mélancolique et pessimiste s’apparente plus à un passage vers une renaissance que Mylène effectuera avec ses compagnons imaginaires sur toutes les scènes de France et face à un public, son public.

Charon / Boutonnat repart seul et s’efface, pour laisser place à Mylène et au spectacle, en emportant avec lui dans la petite valise, tous les tracas, les hésitations et les doutes.

A quoi je sers

1. Interview extraite du magazine Smash hits, hors série n°2, 1992





Pour en savoir plus : Découvrez toutes les informations sur la chanson
A quoi je sers, ainsi qu'une analyse des paroles :
Cliquez ici




Galerie

Cliquez sur une image si vous souhaitez l'agrandir

A quoi je sers

A quoi je sers

A quoi je sers

A quoi je sers

A quoi je sers

A quoi je sers

A quoi je sers

A quoi je sers

A quoi je sers

A quoi je sers

A quoi je sers

A quoi je sers

A quoi je sers

A quoi je sers

A quoi je sers

A quoi je sers

A quoi je sers